HOMMAGE A FERDINAND BUISSON

Publié le par Fabrice Dallongeville

 BUISSON 

 

Ce dimanche 12 juin, les dirigeants Radicaux de l'Oise se sont retrouvés avec les animateurs de la Libre Pensée dont Marc Blondel, le président national, au petit cimetière de Thieuloy Saint Antoine dans le canton de Grandvilliers devant la stèle funéraire de Ferdinand Buisson. Ils avaient décidé de rendre hommage à ce grand penseur et acteur Radical qui fut le père de l'école publique gratuite et laïque et la cheville ouvrière de la loi de 1905 sur la laïcité de l'État.

Au nom des Radicaux Fabrice DALONGEVILLE, président du PRG 60, a prononcé un discours dont nous publions quelques extraits :

 

La pensée de Ferdinand Buisson occupe une place d’honneur au Panthéon des pères fondateurs du Radicalisme. Agrégé de philosophie, il voua sa vie à la pédagogie novatrice et égalitaire et à la défense des droits de l’homme. Précurseur du pluralisme laïque, résolument ancré à gauche, dreyfusard convaincu, coauteur avec Jules Ferry de la rédaction du statut de l’école laïque, publique et obligatoire, Ferdinand Buisson milite au Parlement (député radical-socialiste de la Seine de 1902 à 1914 et de 1919 à 1924) pour l’enseignement professionnel obligatoire, la représentation proportionnelle et le droit de suffrage accordée aux femmes. Pour avoir consacré toute sa vie à l’enseignement et à la défense des droits de l’Homme, il reçoit le prix Nobel de la Paix en 1927, cinq ans avant de mourir à l’âge de 90 ans….

 

Aujourd’hui, la pertinence intellectuelle de Ferdinand Buisson FAB et Blondelne peut que nourrir l’engagement des nouvelles générations de citoyens qui se lèvent pour résister aux coups de boutoir contre l’idéal laïque portés par la droite conservatrice conduite par Nicolas Sarkozy. Comment aurait réagi cet homme libre, cofondateur de la ligue des Droits de l’Homme, en entendant certains des propos du Président de la République prononcés à Latran : “Dans la transmission des valeurs et dans l’apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l’instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur, même s’il est important qu’il s’en approche, parce qu’il lui manquera toujours la radicalité du sacrifice de sa vie et le charisme d’un engagement porté par l’espérance.” ? Ou, plus loin : “J’appelle de mes voeux l’avènement d’une laïcité positive, c’est-à-dire d’une laïcité qui, tout en veillant à la liberté de penser, à celle de croire et de ne pas croire, ne considère pas que les religions sont un danger, mais plutôt un atout.” ?

 

Il serait indigné. Révolté et combatif, assurément. Tout comme nous le sommes aujourd’hui de comprendre qu’en creux des propos présidentiels existerait une laïcité “négative” ou “relative” ou “ancienne”. Pire. Lorsqu’il va s’agenouiller devant le pape en sa qualité de chanoine de Latran, Nicolas Sarkozy fait en effet un tort profond à notre République. Il outrepasse ses droits lorsqu’il fait approuver par décret le pouvoir du Vatican d’admettre ou de refuser la validation de nos diplômes. En filigrane, on comprend que l’objectif de Nicolas Sarkozy lorsqu’il encense notre identité chrétienne est bien de désigner a contrario des non-chrétiens comme des ennemis d’une communauté nationale ainsi réduite à son expression la plus pauvre….

 

.Or, comment ne pas être inquiet pour la République au regard de l’état dans laquelle se Buisson thieuloytrouve l’école de notre pays ? Comment ne pas nourrir les plus vives craintes en constatant les dégâts provoqués par la mise en place de la RGPP (Révision générale des politiques publiques) et l’application sans distinction du principe gouvernemental de non remplacement d’un fonctionnaire sur deux ? Autant de décisions politiques inacceptables puisqu’elles participent à réduire l’égalité des chances entre tous les jeunes citoyens de notre pays. Là encore, la pensée de Ferdinand Buisson est d’une criante actualité. En mai 1914, voici sa vision d’une école permettant d’oeuvrer à l’égalité des chances : “Faire de l’école populaire la première des institutions nationales, l’ouvrir à tous par la gratuité, la défendre contre l’église par la laïcité, contre tout esprit de secte par la neutralité, la rendre à la fois assez forte pour assurer l’instruction obligatoire sans empêcher de vivre à côté d’elle les écoles privées, usant de la liberté d’enseignement sous l’autorité de la loi : tel a été, pour ne parler que de l’éducation des millions d’enfants du peuple, l’oeuvre scolaire de la IIIème République(...). Toute la question est de savoir si nous voulons, oui ou non, interrompre des traditions séculaires, inaugurer un régime d’éducation égalitaire, qui ne sera pas le dernier mot de la révolution sociale, mais qui en pourrait être le premier.”

 

En exigeant un moratoire sur les fermetures de classes et un véritable plan de réussite scolaire pour préparer l’avenir en consacrant à l’éducation les moyens d’une vraie priorité nationale, les Radicaux de Gauche continuent d’entretenir 170 ans après sa naissance l’exigence radicale de Ferdinand Buisson.

 

En bien des points, la République qu’il définissait reste encore à construire.

 

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